Des textes inclusifs et faciles à lire, c’est possible!
Depuis quelque temps déjà, nous cherchons à déjouer l’utilisation du masculin générique dans nos textes. Vous savez, ce masculin qui est utilisé pour alléger le texte sans discrimination de genre? Eh bien, nous croyons, comme nombre d’institutions francophones, que son règne a assez duré et qu’il est temps de faire un effort collectif pour que notre langue reflète davantage la présence et l’apport des femmes dans notre société.
Or, les premiers pas ne sont pas nécessairement faciles à faire
Disons-le sans gêne : écrire de façon plus inclusive est bel et bien un défi. Se défaire de nos réflexes d’écriture n’est pas chose facile, même quand (ou surtout quand!) l’écriture est au cœur de notre expertise.
Déjouer le masculin générique ne consiste pas uniquement à ajouter la forme féminine de tous les noms à côté de leur forme masculine. On reconnaitra sans problème qu’une phrase comme « Le client ou la cliente peut contacter son avocat ou son avocate par téléphone quand il ou elle le juge opportun, ou en fonction des consignes qu’il ou elle a reçues de la part de son avocat ou son avocate, si celui-ci ou celle-ci a transmis de telles consignes » ne rendrait service à personne!
Il faut donc trouver des stratégies qui permettent d’éviter le masculin générique sans toutefois alourdir les textes ni nuire à leur compréhension.
Rédaction inclusive, épicène, communication non sexiste… De quoi parle-t-on exactement?
Dès qu’on commence à lire sur le sujet, on voit qu’il n’existe pas de consensus dans les termes utilisés pour parler de ce rejet du masculin générique. Chaque terme amène son lot de définitions et donne lieu à des débats dans lesquels il est facile de se perdre.
Chez En Clair, nous voulons que nos textes et documents incluent les femmes et, éventuellement, les personnes non binaires dans les représentations qu’ils produisent. Nous tendons donc vers une rédaction inclusive, qui s’inscrit dans le plus grand idéal d’une communication non sexiste orale et écrite.
Pour atteindre cet objectif, nous avons recours à plusieurs procédés, dont la rédaction épicène. C’est même notre procédé préféré! La rédaction épicène suppose de favoriser les termes qui ne portent pas les marques du masculin ou du féminin. Nous parlons donc des « membres de l’équipe » au lieu de parler des « employés », par exemple. Nous utilisons des adjectifs comme « aimable » au lieu de « gentil », et des déterminants comme « quelques » au lieu de « certains ».
Dans plusieurs cas, le passage du singulier au pluriel, dans une phrase, permet du même coup de passer du masculin à l’épicène. Par exemple, « Le juge prononce le verdict », au masculin générique, devient « Les juges prononcent le verdict ». Cette dernière formulation est épicène, puisque « les » et « juges » ont la même forme au masculin et au féminin.
Nous incluons dans cette stratégie le recours aux noms neutres ou collectifs. Nous parlons par exemple de « la direction » au lieu du « directeur », du « public » au lieu des « spectateurs », de la « population » au lieu des « Québécois ».
Et vous, vous faites partie de notre lectorat, et non de nos lecteurs!
L’épineuse question des doublets et des graphies tronquées
Quand nous n’arrivons pas à trouver une formule épicène pour énoncer un message ou quand le contexte s’y prête mal, nous utilisons parfois des doublets (les détenteurs et détentrices) ou, plus rarement, des graphies tronquées avec le point médiant (les avocat·es). Nous utilisons toutefois ces stratégies en derniers recours, et avec modération.
Les doublets et les graphies tronquées peuvent nuire à la lecture en créant une surcharge cognitive et, par conséquent, ils nuisent à la compréhension du message véhiculé. S’il y a plusieurs longs doublets dans une phrase, le message risque de se perdre dans la mare de mots. Quant aux graphies tronquées, qui ont comme premier défaut d’augmenter le nombre de signes typographiques (parenthèses, traits d’union, points), elles posent particulièrement problème lorsque la forme féminine d’un nom en modifie considérablement la terminaison. Dans une phrase comme « Les détenteurs.rices de laissez-passer ainsi que les directeurs.rices ou leur procureurs.atrices pourront discuter avec le ou la recteur.rice », notre œil doit faire un effort constant pour distinguer les mots avant même de penser au sens du message.
Malgré ces préoccupations, dans un mandat qui nous a été confié par un cabinet constitué à 85 % d’avocates, nous avons choisi d’écrire « l’avocat.e » dans le contrat que nous simplifiions, en jugeant que cette exception en valait alors la peine!
Nous nous assurons d’abord que nos stratégies pour déjouer le masculin générique ne nuisent pas à la clarté de nos textes.
Mais est-ce toujours, toujours possible? Pour le moment, nous devons admettre que… non. Nous choisissons parfois encore d’avoir recours au masculin générique dans certains contextes.
La raison est simple : chez En Clair, nous nous spécialisons dans la simplification des contenus complexes et dans la communication claire et efficace. Nous veillons donc à ne pas utiliser plus de mots que nécessaire, à réduire le nombre de signes typographiques qui polluent parfois les pages, à transmettre des messages clairs et faciles à comprendre pour le plus grand nombre.
Malheureusement, dans certains types de documents, les procédés inclusifs entrent en conflit avec nos principes de rédaction :
Les formules épicènes sont parfois impersonnelles et permettent mal d’identifier les personnes qui agissent (ou qui doivent agir) dans une situation donnée.
En plus d’alourdir les phrases, les doublets trop longs ou trop nombreux s’insèrent mal dans une liste ou un tableau.
Les graphies tronquées sont difficiles à déchiffrer pour les plus faibles lecteurs. Si on les multiplie, on risque aussi de nuire au parcours de l’œil sur la page.
La rédaction inclusive peut impliquer un changement de ton ou de vocabulaire qui s’arrime mal avec les autres documents d’une organisation.
Nous hiérarchisons donc nos priorités et nos objectifs pour chacun de nos mandats. Si notre public cible est constitué de faibles lecteurs, nous allons probablement favoriser le mode d’expression le plus commun et le plus simple, qui reste le masculin générique pour le moment.
Au contraire, si le document sur lequel nous travaillons s’adresse à un ordre professionnel dont les membres sont en grande partie des femmes, reconnaitre leur apport en féminisant le texte pourrait avoir une place de choix dans la liste de nos priorités!
La rédaction inclusive est donc un enjeu social et organisationnel qui demande de prendre position et, au besoin, de développer des outils propres à chaque organisation.
Chez En Clair, c’est en avançant par petits pas, ligne par ligne, que nous avons finalement réussi à rédiger des documents 100% épicènes.
Vous voulez voir un exemple concret de démarche de simplification épicène?
Avant
La période et le nombre de semaines consécutives de vacances sont attribués à tour de rôle en tenant compte de la préférence de l'employé concerné, du nombre de personnes visées et des besoins des opérations tels que déterminés par la direction. En cas de demande de plusieurs employés pour une même période de vacances, le service continu de l’employé primera.
Après
Vous pouvez demander des vacances à tout moment de l’année.
Si plusieurs membres du personnel désirent prendre des vacances en même temps et que le maintien des activités de l’entreprise est compromis, nous déterminerons la priorité en fonction de l’ancienneté des personnes concernées.
Vous voyez? Ces stratégies ne nuisent aucunement à la clarté du texte! Quand nous remettons un document inclusif, nos messages sont toujours aussi clairs, et notre clientèle (et non « nos clients »!), toujours aussi satisfaite.
Tout le monde y gagne!
Et vous, quelle est la situation dans votre organisation? Avez-vous défini une position claire par rapport à la rédaction inclusive ou épicène? Avez-vous l’intention, comme nous, de développer un guide pour accompagner votre personnel ou vos collègues dans cette transition?
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Cet article est entièrement écrit avec l’orthographe rectifiée.
Cet article respecte les principes de la rédaction épicène.
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