Les interfaces trompeuses, un frein au consentement éclairé
Chez En Clair, nous avons la conviction qu’il est possible de vivre dans un monde plus simple, qui favorise la compétence et l’autonomie de tous. C’est une façon de parvenir à une société plus égalitaire et plus respectueuse. Pour éliminer la complexité sur notre chemin, nous simplifions au quotidien les documents juridiques et les processus en tous genres, qu’ils soient papier ou au sein d’écosystèmes numériques.
À l’ère de la consommation en ligne, il est donc impératif que les organisations repensent leurs plateformes pour s’assurer d’une expérience utilisateur optimale, exempte de toute interface trompeuse.
Les interfaces trompeuses : un choix de design qui prend plusieurs formes
Une interface trompeuse, c’est d’abord une décision de design.
Les interfaces trompeuses, souvent nommées « dark patterns » ou « deceptive patterns » en anglais, prennent plusieurs formes.
Mais c’est d’abord et avant tout un choix de conception fait par une une organisation, qui a pour effet de manipuler les utilisateurs pour qu’ils agissent à l’encontre de leur propre intérêt, et généralement au profit de ladite entreprise. Elles sont spécialement conçues pour tromper en exploitant nos biais cognitifs. Nous en avons d’ailleurs tous, c'est le propre de l'être humain 😊!
Pour sa part, Jakob Nielsen, doctorant en interactions-machines et expert en ergonomie informatique et en utilisabilité des sites Web, les décrit dans cet article comme « des moyens d’induire en erreur les utilisateurs par le biais d'une variété d'interfaces trompeuses - ou parfois simplement en rendant inutilement difficile l'accomplissement d'actions souhaitées par l'utilisateur, mais qu’une entreprise veut empêcher, telles que l'annulation d'un abonnement. »
Ces techniques de design représentent un problème important, parce qu’elles portent directement atteinte à l’autonomie des utilisateurs à la possibilité de consentir ou d’agir de façon simple et éclairée.
Elles peuvent prendre plusieurs formes, par exemple :
Le fait de donner plus d’importance à certains choix, comme un bouton « J’accepte » plus facile à trouver qu’un bouton de refus (On pense ici au consentement à l’utilisation des renseignements personnels auxquels nous sommes confrontés partout en ligne) ;
Rendre la résiliation d’un service ou d’un contrat nettement plus difficile que la souscription au service ;
Rendre le retour en arrière difficile dans un processus d’achat ;
Proposer des paramètres par défaut très difficiles à modifier, par exemple en submergeant les utilisateurs avec tellement d’options qu’ils ne savent plus comment exprimer leurs préférences.
L’utilisation de l’intelligence artificielle peut également contribuer à rendre les dark patterns encore plus efficaces en perfectionnant les tactiques de manipulation à l’aide d’analyses prédictives. Elle peut par exemple être utilisée pour personnaliser les interfaces en utilisant différentes données recueillies, dont l’historique de navigation et l’activité sur les médias sociaux, par exemple. Elle permet aussi de générer de faux avis ou témoignages très convaincants et difficile à détecter.
Notre comportement influencé par le design
En 2023, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) française s’est penchée sur les différents types de bannières « cookies » (les fameuses fenêtres pop-ups nous demandant notre consentement en accédant à un site Web pour la première fois) et le comportement des utilisateurs face à celles-ci. Dans cette étude menée auprès de 4000 adultes, elle met en lumière de façon très claire l’impact du design de l’interface sur le comportement des utilisateurs.
Les résultats sont effectivement frappants : les internautes ayant été confrontés à des interfaces plus transparentes et favorisant la réflexion sont 3 fois plus nombreux à refuser de partager leurs données ou à préférer personnaliser leur consentement.
Un mauvais design n’est pas une fatalité
Certaines entreprises se sensibilisent désormais aux bonnes pratiques. Les équipes qui développent ces interfaces, les designers UX/UI, les chefs de produit et les juristes travaillent de plus en plus main dans la main.
Nous accompagnons nous-mêmes un grand nombre d’organisations publiques et privées en matière de protection des renseignements personnels et en design d’interfaces afin de s’assurer d’un design optimal permettant un consentement éclairé. Ces organisations ont fait le choix de poser des gestes concrets en faveur d’une conception de leurs interfaces en ligne qui visent plus de transparence, d'inclusivité et d'ergonomie, pour que leurs services soient accessibles au plus grand nombre.
J’ai donné une entrevue à ce sujet dans les derniers mois:
Les interfaces trompeuses ne sont pas une fatalité, La Presse
Dans cet article de La Presse, je propose des solutions pour contrer les dark patterns et je mets en lumière l'importance d'une réglementation efficace pour protéger les consommateurs.
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